[Maëlle] Textes

Lewiscaroll je suis ravie que ça t'ait plu ^^ Merci

Les deux autres merci aussi, ça fait plaisir

Titelle bientôt témoin ? ^^..félicitations
La place number one y a aucune raison que tu passes à côté.
Non...l'image n'est pas anodine on ne peut rien te cacher...rn tout cas je suis contente que ça te plaise encore Merci

Marie, si on ne t'invite pas c'est probablement par peur que le marié change brusquement d'avis en te voyant arriver. (je trouve ça nettement plus rassurant comme explication...et plus plausible...nan? bon ok je m'en vais)
Quant au pamphlet il est en cours, je vois que tu n'as pas oublié ^^

Je te remercie Rachel

PPPfffff...
C'est trop injuste....

D'écrire de si cruelles vérités!!!!!

J'ai reconnu presque tous les moments de "mes" mariages...

Pour tout dire, je me suis mariée 2 fois avec le même homme!!!!

La 1ère fois en 1997, civilement...
Donc, une 1ère robe, un 1er resto, une 1ère orga...
Nous n'étions que 10!!!
Ce fut "facile"!!!

La 2nde fois en 1998, religieusement...
Afin de faire la fête avec nos familles...!!!!
Et là, Tout y est,
La robe meringue....
La pièce montée...
ET.....
ET.....
ET.....
Le photographe qui n'est pas venu!!!!!!
C'était très sympa à la sortie de l'église...
Je le cherchais!!!!!
Et ben, on a fait de trop belles photos de groupe...
Tous le monde se marrait...

Quel souvenir!!!!!

Merci Maëlle de m'avoir fait me souvenir de ce moment....
J'ai revu des images sur tes mots de personnes qui sont chères à mon coeur...
Notamment de ma "Mamie" qui voulait que tout soit parfait...
Je me suis mariée chez elle..
Dans SON église...
Cette église qui sonna rien que pour elle il y a quelques mois....

Je te remercie Stef ^^ Tes commentaires me font toujours sincèrement plaisir. Heureuse d'avoir réveillée de bons souvenirs, tu as du effectivement t'amuser, et mes excuses pour les mauvais qui peuvent y être un peu associés

Tu es quelqu'une d'authentique, petite Maëlle...celà se devine aux détours de tes mots et langages égrenés.
Rien ne vaut les plaisirs de plume, assurément...ils assurent au regard de quoi le rassurer, toujours.
Continues ainsi...
Affectionner le verbe, c'est un baiser rose qui, jamais, ne s'interrompt.

Maëlle a écrit:

Je te remercie Stef ^^ Tes commentaires me font toujours sincèrement plaisir. Heureuse d'avoir réveillée de bons souvenirs, tu as du effectivement t'amuser, et mes excuses pour les mauvais qui peuvent y être un peu associés

Des excuses...
Mais pourquoi????
Tu m'as fait me souvenir de choses si jolies....
Et puis, c'est la vie est ainsi faite...
Certains partent trop vite à notre goût....

Ce texte est issu d'une plaisanterie au cours d'une conversation avec une personne qui est littéraire comme moi.
Mon point de vu, c'est que si il n'y a pas de sot métier il n'y a pas non plus de filières à sousestimé, tout se vaut, aucune n'a moins de mérite qu'une autre.
Après coup je suis pas ce qu'on pourrait appeler fière de mon cynisme, ça peut être mal vu, la caricature et poussée et inexacte, toujours est il que j'ai dit que je le ferai...donc voilà.
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J’avoue ne pas savoir si les mots qui suivent peuvent être considérés comme étant objectifs. Ce qui est certain, c’est qu’ils évoquent la douleur de ces personnes qui ont préféré Molière à Einstein et qui n’ont jamais ouvert la notice de leur Casio une seule petite fois, preuve d’un désintérêt total.

On a tous à plusieurs moments de notre vie ce besoin de s’orienter.
Certains le font à la fin du collège, je ne me contenterai que d’étudier le cas de fin de seconde.
On a tous eu des sueurs froides devant cette feuille rose bonbon ou vert pomme, qu’il fallait remplir pour le 20. Petit détail, l’administration ne la transmet jamais avant l7.
La première ligne affiche notre nom, notre adresse, notre classe actuelle, ils savent tout…on est fiché.
Puis ensuite ces cases, il faut en choisir une, il y a ceux pour qui c’est clair depuis le départ, et ceux qui hésitent encore. On est tenter de tirer à pile ou face, mais pour notre avenir ce serait quand même un peu facile. On se reprend. Il y a ceux qui ont fait la liste des pours et des contres pour ne finalement cocher que la veille de rendue. Elles font peur ces cases, mais on fini toujours par en prendre une, pas forcément la bonne. Il y a encore un détail insignifiant, c’est qu’on veut nous spécialiser. C’est génial de devoir choisir une spécialité qui ne nous servira pas forcément. En fait quand on parle de spécialité on découvre bien vite que c’est une expression plus convenable que « la matière dans laquelle la barre sera enfin mise à un niveau correcte ».
Bref. De toute manière il y a plusieurs moyens de s’aider dans nos choix. D’abord la famille qui veut nous voir aller loin, les amis qui sont soumis aux mêmes questions, et les conseillers d’orientation. Et eux, c’est les meilleurs.
Les conseillers d’orientation ça sait manier le power point, il faut leur accorder ça. Ca dit présenter tout, mais par manque de temps ça ne présente que ce qui devrait être choisi, par disponibilité des places où pour le prestige de l’établissement. On peut aussi prendre rendez-vous avec ces personnes possédant toutes les clés, mais pour pouvoir s’asseoir devant eux il faut vraiment le vouloir, ils sont rarement là. C’est pour s’entendre dire « c’est à vous de voir », on en déduit qu’on s’en sortira mieux tout seul.

Il y a ceux qui cochent la case L. Et cette case a une réputation terrible.
Les L, ils ont tout entendu. « Ah ! Tu vas faire prof ? », « Pourquoi faire… », « Tu te fermes des portes tu sais… », « C’est bien pour la culture générale…mais tu aurais pu te cultiver à côté tu sais…là ce sera un peu la galère », « Tu vas être chômeur ».
Les L, aux yeux des autres, ce sont les glandeurs. Il n’est pas faux en soi, que c’est dans une classe littéraire que tu trouveras sur la chaise du fond un mec bourré, un baba cool, et tous les artistes qui regardent par la fenêtre. C’est devenu un cliché, mais pourtant il n’y a pas que ça. Non, je vous assure.
En réalité les L ce sont les irréductibles qui résistent encore et toujours à l’apprentissage de toutes ces choses qui ne servent à rien. On dira ce qu’on voudra, mais replacer une citation de Victor Hugo c’est toujours beaucoup plus probable que de replacer une équation quelconque. Vous en connaissez des équations qu’on replace dans notre vie courante ? Bien évidemment, en maths sup’…
Les L sont des rêveurs, c’est vrai. Mais il n’existe pas de rêveurs plus conscients de la réalité et du monde qui les entoure. Ce sont souvent des pacifistes, ils ont le regard critique, ils argumentent et débattent. Ils n’ont pas appris les valeurs de x mais ils ont pris connaissances des autres.

On parle souvent des choses merveilleuses que l’ont peut attribuer à tous ces scientifiques. Oui, les vaccins, les transports, les progrès, internet…Les littéraires le savent, ils en profitent, et leurs en sont des plus redevables. On ne le dit jamais…Mais c’est souvent l’imagination des artistes qui sont à l’origine de celles belles choses. Jules Verne par exemple…on n’y pense jamais à Jules Verne. Mais on lui en doit des idées. Les scientifiques n’ont qu’utiliser une fiction pour écrire une réalité…avec autant de mérite.
Le rôle des L c’est aussi de divertir ces savants, et de faire rêver le monde pour que la réalité ne le rende pas fou. Enlevez les pavés de pages blanches que ces héros ont noirci, la prose, les vers, la peinture, le septième art…vous feriez quoi en rentrant de votre journée d’expert comptable ? Vous useriez des paquets de Kleenex. Mais ça non plus, on n’y pense jamais. Les L sauvent votre moral. Ce n’est jamais le kit du parfait petit chimiste qu’on emmène sur la plage en vacances, c’est un Marc Levy. Avant d’aller se coucher, on ne résout pas un problème, on lit. Enlevez toutes ces choses apportées au quotidien, et on s’ennuierait vite. L’imagination des auteurs cultivent l’illusion. On leur reproche, à ces penseurs, ces utopistes, qui n’ont pas les pieds sur terre. On oublie que c’est nécessaire parfois.
Les mots ont souvent fait peur. Hitler a rédigé « «Mein Kampf ». On oublie les résistants qui ont marché grâce à la plume d’Aragon et d’Eluard. On les oublie les auteurs engagés. On les oublie les penseurs qui ont changé l’Histoire. Gandhi il n’a pas eu moins d’impacte qu’Edison, c’est juste différent. Les scientifiques on les remercie sincèrement pour l’espérance de vie qu’on leur doit, mais ce n’est pas un littéraire qui était responsable de Nagasaki. Ca ne serait venu à l’idée de personne ça.

Ils nous instruisent les L. Quand on est petit, on nous lit des contes et non pas des comptes. On nous présente les sept nains de Grimm avant de savoir compter jusqu’à sept. On nous apprend à dessiner avant de nous faire acheter un compas.
Seul chose qu’on peut éventuellement considérer comme étant facultatif, c’est qu’un des premiers littéraires a jugé bon de mettre des accents sur les mots. Il voulait embêter l’humanité, il a réussi. On doit les mettre, mais on ne nous à jamais réellement expliquer d’où ils sortent ces accents. Il n’y a pas de règles, on a juste répété le mot dans notre tête pendant une dictée en se demandant si c’est un « é » un « è » ou un « ê ». On devrait essayer de les réorganiser ces accents…ça fait brouillon. Leçon en trois temps. Le premier jour, on fait les aigues, le lendemain ça devient grave, le troisième c’est le tour de Sir Conflexe. Ah l’accent circonflexe…c’est le plus beau. Aussi nommé le chapeau chinois par des littéraires ayant gardé leur naïveté et leur cœur d’enfant (c’est surtout parce que ça fait moins snob). Le chapeau chinois…il nous évoque des forêts de pins, des plateaux de pêches, des conquêtes Napoléoniennes, des rêves d’ailleurs.
On peut penser que les S ne savent pas ce qu’est un chapeau chinois. Bien sûr que si ils le savent. Il s’agit d’un cône dont la circonférence du périmètre peut être (ou pas) égale au diamètre fois deux. Ils peuvent aussi penser à la Chine qui subit de très nombreux séismes expliqués par un mouvement des plaques géologiques capricieuses dans ces régions dont la température dépasse largement toutes les prévisions faites il y a quelques années, ceci expliqué par le réchauffement climatique, qui, aura mis à sec l’océan Indien à cause de tous ces rayons infrarouges néfastes. C’est très clair. Tout ça dans un chapeau chinois, ils étonnent toujours avec leurs mots compliqués les S. Nous aussi, littéraires, on sait le faire. S’il ne vous faut que ça :
« L'accent circonflexe, lorsqu'il frappe un radical verbal, se maintient par analogie même si la prononciation de la voyelle qui le porte ne le justifie pas ».
Eh vlan. Les L aussi ont écrit pour les Encyclopédies. Et Robert, et Larousse, on les oublie.
Les L sont responsables de la plupart de vos épanouissements, en particulier les longues soirées d’hiver. Attendez d’être retraité, à 70 ans, pour sortir votre Scrabble. Vous remercierez Alain Ray et ses discours que vous trouviez ennuyeux. Attendez de placer « Wapiti » mot compte triple pour comprendre que les lettres ça sert à quelque chose et qu’on peut en être fière.

La filière L n’ouvre aucunes portes…il paraît. Vous oubliez les historiens qui vous mettent en garde sur ce qu’il ne faut pas oublié. Les L ne sont pas que des rêveurs. On leur a mis le nez dans la réalité de la Shoa avec plus d’insistance. Vous oubliez les journalistes qui vous tiennent au courant, les chroniqueurs qui vous font réfléchir, les humoristes qui avec un peu de cynisme remuent vos zygomatiques. Les maisons d’éditions ne fonctionnent pas seules, la philo tout le monde trouve ça bête, cela dit on en retient quelque chose.
Les métiers artistiques c’est encore pire. Les acteurs, musiciens, on leur rit au nez. « C’est pas un métier ». Vous feriez quoi de vos samedi soir ? Maryline Monroe est plus connue que Marie Curie. Ce n’est pas les mêmes valeurs, mais l’une ne vaut pas moins que l’autre. Alain Delon a marqué le cinéma avec la troisième personne du singulier. Combien de S ont pleuré devant « Titanic » ? Pas besoin de savoir combien de mètres mesurait la coque pour trouver ça beau. Ils s’en souviendront. On se souvient de Romy Schneider, de Mozart, ils ont marqué des vies. Emile Zola a changé le cours de l’affaire Dreyfus, « J’accuse », c’est monumental et il n’avait même pas son bac. Vous vous souvenez encore des dessins animés regardés quand vous étiez petit, vous vous souvenez des illustrations d’Andersen.
L’écriture, les mots, l’expression, on en a besoin toute notre vie, notre alphabet on le connaît, alors que honnêtement, vous savez encore faire une division à la main vous ? Non…les nouveaux scientifiques ont tué les anciens, la machine remplace l’homme, alors que les dramaturges contemporains n’écraseront jamais Molière. Ils revisitent, mais ils honorent.

Les littéraires ils ont inventé les métaphores, ces belles expressions. Si on avait laissé tout ça aux scientifiques…
« Tu n’étais encore qu’une lueur d’espoir dans les yeux de ton père » aurait été « Tu n’étais encore qu’un rayon lumineux émergeant du globe oculaire de ton géniteur » ?
A votre prochaine rupture (personne ne vous le souhaite), vous n’aurez donc plus le cœur brisé, mais la pompe aortique fissurée perpendiculairement à la veine cave ?

A vous de voir…
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Merci pour l'attention portée à mes écrits en tout cas.

Bizarre..
Certains S me disaient tout ça!!!!
Ah Les L.. Les feignants...
De plus.. section Arts plastiques!!!!
Le pire du pire en L!!!
Les artistes avec un grand A...
Qui font toujours des tags dans les toilettes... (Dixit mon proviseur...)
Quelle réputation!!!!

PPPffffff...
Et voilà où ça mène...
J'aime les mots...
J'écris, je lis..
J'aime les hommes qui aiment les mots!!!!!!
Comme notre Manu...lol

Oui. On aime les mots tous les deux. Lui il a la subtilité et la délicatesse en plus quoi, ce qui n'est pas négligeable

Maëlle a écrit:

Oui. On aime les mots tous les deux. Lui il a la subtilité et la délicatesse en plus quoi, ce qui n'est pas négligeable

Son côté féminin qui ressort....
Mais c'est ce qui le rend si...... MIAM....!!!!!!

Merci pour vos commentaires.

Encore un texte à couper le souffle même si je ne suis pas d'une section L et que je suis plutôt "compte" que "conte" !!!!

Félicitations

Morgane je te remercie de t'être accrochée à ses 10 pages consécutives. Ca me fait très plaisir vraiment C'est sympa.
Ca c'est juste parce que je bosse un peu cet été, je ne me plains pas dans le sens où il y en a qui ne trouvent pas de travail. Mais celui là n'est pas forcément des plus évident. De mon point de vue en tout cas.
Je précise que ça ne représente pas la totalité. Il y en a à qui ça convient bien.
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6 % de la population française fini ses jours en maison de retraite. C’est pas grand-chose quand on y pense, on n’arrête pas de dire que ce n’est pas beau de vieillir, cela dit tout le monde ne le fait pas de la même manière.

On rencontre des tas de gens différents et pourtant ils sont tous la pour la même raison et ils le savent très bien. Une grande partie est heureuse, une petite partie n’a pas de chance.


Madame M. Gilet beige, une canne et une jupe marron. Elle s’assoit toujours à côté de la fenêtre près de la plante. Elle ne quitte pas sa place de la journée, elle ne participe à aucune activité, elle reste assise et ne fait strictement rien, elle attend. Mais on ne sait pas trop quoi.
Je n’ai pas fait grand-chose, je me suis juste assise à côté d’elle en lui tendant mon verre d’eau. Un « vous allez bien aujourd’hui ? » ça renverse une maison comme quoi. Elle explique que non ça ne va pas trop. Elle a passé sa vie à préparer des repas de famille pour ses enfants, qui ne sont venus la voir qu’une fois en trois ans et qui lui ont enlevé le téléphone de sa chambre il y a peu. Elle n’est pas franchement certaine de les revoir.

J’attends vous savez. J’attends.

Madame M s’entend bien avec madame D, qui elle n’apprécie personne. Elle râle, elle se plaint et ça fait 10 ans qu’elle est là. Elle est au 3ème étage, et sa chambre ne possède pas de marque personnelle. Juste une photo en couleur de la personne que je devine être son fils, un quadragénaire souriant devant ce qui pourrait être un saule, ou quelque chose comme ça. Elle est juste en face d’un petit salon, vue sur la ville, petite table avec une pile de « Notre temps ». Dans sa chambre il n’y a rien, pas un livre en vu, pas une grille de mots croisés, rien. Elle reste assise à coté de madame M toute la journée, et elles ne s’échangent pas plus de 10 phrases. Elle participe des fois aux activités. Mercredi elle s’était installée à une table, pour découper une forme dans une feuille de papier Canson de couleur orange. Ravie de voir qu’elle était occupée, en lui tendant son café je lui ai demandé ce qu’elle faisait. Après m’avoir remercié de ma gentillesse elle m’a regardé et m’a répondu avec beaucoup de sérieux.
J’attends de mourir. Laissez-moi tranquille.

Au 2ème étage, au fond près de la sortie de secours, il y a monsieur L. Il a toujours beaucoup de courrier. C’est un enseignant à la retraite, il a un fils et une fille qui lui empruntent des sous et viennent le voir rarement. Sa mine me rappelle celle de Droopy, et je ne dis pas ça en me moquant il me fait de la peine. Dans sa chambre il y a une bibliothèque et un petit coin télé qu’il n’utilise que pour la sieste. Il est toujours à son bureau, le déambulateur de côté, en train de lire avec une loupe parce qu’il ne veut pas retourner chez l’opticien. Je lui dis tous les jours qu’une paire de nouvelles lunettes serait amplement plus pratique. Dans sa chambre il y a plus de cinq Bibles, un poster de la Cène de Léonard de Vinci, il est abonné à 3 magazines religieux, et c’est, on peut le dire, son seul et unique moteur. Il ne lit plus rien d’autre, il se désintéresse du reste et ne sors de sa chambre que pour voir le pasteur le mercredi et assister au culte le vendredi. Ma visite lui fait toujours plaisir il me demande pourquoi je repars.
Vous reviendrez ?

A l’autre bout du même étage, monsieur T. Pharmacien retraité. Il reçoit Paris Match le vendredi, et trouve que Michael Jackson prend trop de place sur la première page. Il a des tableaux à dorures sur les murs. Il parle de Golf, excellent joueur, il prend beaucoup de plaisir à montrer ses prix et se moque gentiment des cyclistes du tour de France. « Les golfeurs ne se dopent pas au moins hein mademoiselle ! ». Je le connaissais déjà avant comme certains autres, il a pris un coup de vieux comme on dit. Son dos lui fait mal, il a appris qu’il avait une maladie neurologique. Déjà de nombreux tics, paralysie de certains muscles, il ne sait pas combien de temps il pourra encore marcher voir même rester assis. Il est devenu morose, parce qu’il sait pertinemment comment il va finir. Cela dit après avoir confié ça à mon oreille se voulant attentive et compatissante, il referme sa porte avec un grand sourire.
J’ai bien compris ce qu’il allait se passer mademoiselle…j’ai bien compris.

Madame V. Elle a des lunettes épaisses, une robe avec des violettes dessus, des cheveux gris assez courts mis en arrière. Un tic, elle ouvre tout le temps la bouche, même quand elle ne dit rien. Elle marche avec un déambulateur, elle n’a plus toute sa tête. Elle se sent concernée par toutes les conversations, et ne supporte pas la solitude. J’ai compté. En une journée, cette phrase est revenue 42 fois : « Je vous embête hein ? ». Non madame…42 fois. Elle demande autant de fois « où on va ? » même si elle fait tous les jours le même trajet de sa chambre au salon. Elle dit autant de fois bonjour avec son air apeuré Mais elle ne dit rien d’autre. Elle a peur d’être seule. Tout le monde en a peur à un moment ou un autre, elle c’est perpétuel. Je regarde le numéro des étages changer dans l’ascenseur, je ravale ma salive en attendant l’arrivée à bon port.
Vous n’allez pas me laisser seule ?

Il ne faut pas croire, il n’y a pas que les passifs en maison de retraite. Prenez madame K par exemple…Je ne sais pas si vous vous souvenez de la grand-mère dans Rox et Rouky, mais elle lui ressemble. Sa chambre est bien remplie, des dessins de petits enfants, les photos des Noëls passés, des enfants fidèles. Elle aime le Scrabble, je me suis fait écrasée. Ca me fait rire parce qu’elle ne parle pas au passé…elle n’a fait que des mots au futur. C’est un signe mine de rien. Elle positive, polie, et tente tant bien que mal de motiver tout le monde. Elle joue beaucoup au Scrabble depuis un week-end romantique dans un chalet offert par son mari. Il a plu, il n’y avait pas de télé, juste un Scrabble. C’était une sorte de stage de perfectionnement intensif. C’était il y a 20 ans. Elle a gardé la même boîte, et c’est fabriqué un « X » parce qu’elle en a perdu un en déménageant.
Vous devez lire beaucoup jeune fille…Vous pensez quoi de Dumas ?

Il y a une madame G. Elle sourit beaucoup au milieu de toutes ses photos en noir et blanc. Son mari, est sur la table de nuit. Il est chauve ou presque, en tenue militaire, retour de la guerre. Il me fait penser à C.S Lewis. Elle a un chignon, des petites lunettes rondes teintées en jaune. C’est la grand-mère de Titi et Grominet. Elle positive, pro des mots fléchés, elle ne loupe pas une seule occasion de sortir se promener en ville et achète ses fruits elle-même parce que Sodexho n’en fournit jamais assez.
Avec ce sourire là vous réussirez dans la vie vous…puis vous savez écouter, comme papa hein ?

Monsieur Q. Grand mais courbé sous le poids des années, dans un fauteuil en position presque allongée. Parkinson et Alzheimer. Il ne dit bonjour qu’une fois sur deux, quand il est « avec nous ». Il ne parle pas, mais il tend toujours la main. Il est barbu, et c’est plus fort que moi il me fait penser à Primo Levi. Il lui ressemble et parle quand il fait la sieste. Il ne se souvient pas que ce temps là est fini. Il ne sait pas qu’il est mentionné dans les livres d’Histoire. Il ne sait plus, il a oublié. Il a oublié que ce qu’il évoque est un temps révolu. Sa maladie le fige dans des souvenirs vieux d’il y a un demi siècle. Quand il se réveille il est essoufflé avec des yeux ouverts comme s’il avait vu un fantôme, il faut le rassurer.
Les Allemands…vous les voyez ? Ils arrivent. Vous devez me croire.

Une autre madame G. C’est du lourd, son histoire. Mais je l’aime, elle m’a renversé cette dame. Madame G est en fauteuil roulant et ce depuis des années. Comme les trois quarts des résidents, elle porte des lunettes, ses cheveux sont bizarrement encore bruns avec des mèches grises. Elle sourit beaucoup, et fait la liste aux infirmières de tout ce qui ne va pas chez madame truc et monsieur machin. Elle lit beaucoup, mais ne saurait plus dire quoi deux jours après. Elle porte une petite veste blanche avec des roses dessus et une jupe noire toute couverte de petits points roses. Cette jupe pend du fauteuil, comme un drap qui dépasse d’un lit qui n’a pas encore été refait. Effectivement, elle n’a plus de jambes. Elle n’a plus que le bras droit valide à cause d’un AVC. Je l’ai emmené se promener au marché vendredi matin, et en attendant de repartir elle s’est mise à vouloir bavarder après m’avoir remercié de l’avoir accompagné, ça faisait des semaines qu’elle attendait cette sortie. Je suis un ange, c’est nouveau, ça me fait rougir.
Elle devait avoir une quarantaine d’années quand elle s’est mise à rouler, et non plus marcher. Au fil de la conversation, elle tient son menton avec sa main valide, son coude appuyé sur le bras gauche qui ne sent plus rien. Elle raconte les sorties au cinéma qu’elle faisait avec sa sœur, quand la place coûtait un franc. Elle parle de son père gentil, qui buvait un peu trop. Elle explique qu’elle aimait la randonnée, dans les Vosges surtout. Parce que, mademoiselle, la ligne bleue des Vosges, c’est quand même la plus belle de toutes les lignes. Elle a une façon de raconter qui me fait penser à ma propre grand-mère, cette façon qu’ont les personnes âgées de vous raconter une histoire, et ce à n’importe quel âge vous n’en décrochez pas. Elle me dit qu’elle trouve ça bizarre que je ne lui ai pas demandé quel accident avait provoqué la perte de ses membres. Je réponds que je suis prête à écouter, mais que rien ne l’y oblige.
C’est une tentative de suicide. Son mari s’est jeté sous un train. Peu de temps après elle a voulu faire pareil. Elle s’est loupée. Elle n’a pas tout perdu, mais presque, et pourtant c’est un sourire énorme. Communicatif. Elle est calme quand elle en parle.
Elle est étonnée que je ne dise rien. Je réponds que quand je ne sais pas quoi dire j’ai pris l’habitude de me taire. Je l’admire pour sa façon de gérer le passé, de vivre le présent, et de ne pas trembler face au futur.
Il faut se dégoûter de certaines choses pour en aimer d’autres par la suite. Il y a juste plusieurs moyens de le comprendre.

Monsieur O. Celui là il faut un décodeur pour le comprendre. Il a une chemise à carreaux, des bretelles, un pantalon qui remonte jusque sous les bras et il marmonne comme personne n’a jamais été capable de marmonner. Il m’a fait rire et presque pleuré.
Il chante. Mais il ne chante qu’une chose. « Minuit Chrétien ». Et ce, quelque soit la période de l’année. En soit ça m’a déjà fait rire quand il a traversé le salon les mains dans le dos en entonnant de façon très juste son hymne. Mais en prime, je l’aime bien sa version. « Noël ! Noël ! Voici le Percepteur ». J’ai éclaté de rire en applaudissant.
Il fait dans les 100 kilos et je l’ai poussé en fauteuil dans le parc. Au bord du fleuve, je lui montre une meute de canards colorés, en souriant très fort. Il me demande comment je les aime. Je ne saisis pas trop le sens de la question, mais je réponds honnêtement en lui disant pourquoi ça me fait sourire. Il les préfère à l’orange, et se bidonne très fier de sa blague.
Il faut savoir que dans sa chambre il y a des photos. Mais que des photos de lui, à Noël, à Pâques, pendant une journée ordinaire. Mais que de lui. Il se pose des questions, monsieur O.
Au bord du fleuve, lui qui ne m’avait rien dit jusque là, s’est mis à me questionner. Où ils vont les souvenirs ? Mes photos…ils en feront quoi ? Il a peur que l’on oublie ce qu’il a pu être. Il à peur que ces clichés de sa vie ne soit pas conservés.

- Il y a quoi après la mort ?
- Je ne sais pas, mais je me pose la question aussi vous savez.
- Vous croyez ce qu’il en dit votre père ?
- Non…je n’y crois pas.
- Moi non plus…mais on devrait vous savez. Au moins les autres, ils sont rassurés.


Il y a plusieurs inconscients. Ils sont dans des lits, la tête tournée vers la fenêtre. Ils ouvrent les yeux parfois mais ne parlent pas. J’ai cette habitude de vérifier s’ils respirent, ça m’angoisse. Pas besoin de leur laisser une bouteille. Il faut leur faire boire un verre avec une paille. En me concentrant sur mon gobelet en plastique je parle. Mais pour dire quoi ?…Poser des questions auxquels ils ne peuvent pas répondre ? Il y a des soignants qui ne se posent pas de questions, et qui font leur travail sans parler. Moi je n’y arrive pas. Je ne peux pas me poster près d’eux, en leur mettant un bout de plastique dans la bouche, en parfaite inconnu. Alors pendant qu’ils me fixent en silence je parle. Je donne mon prénom, je dis pourquoi je suis là. Il fait beau dehors, madame F est encore tombée ce matin et le Tour de France ne passera pas très loin cette année. Il y a parfois l’esquisse d’un sourire. Je me pose la question : Depuis quand quelqu’un ne s’est pas arrêter de ce côté du lit ? Juste pour leur faire comprendre qu’ils ne sont pas morts aux yeux du monde. Je referme la porte derrière moi, et je me demande ce que ça fait. Je me dis qu’après ça je me plains. Elle est au stade où elle ne peut même plus.

Ils sont là, et ils attendent. C’est malheureux, parce que finalement si on prenait juste le temps d’écouter tous ce que cet ensemble de personne a à dire, on serait bluffé par tant d’expérience. Je me demande ce qu’on fait en attendant. On rumine son passé avec nos regrets ? On revoit tous les bons moments ?
Pourquoi ils n’ont pas envie de continuer. Ils sont heureux comme ça ou malheureux, on ne sait pas trop, on n’a pas leur vision des choses.
Il y a une dame de 103 ans. Elle a connu la presque totalité du XXème siècle. Deux guerres mondiales, plusieurs présidents, plusieurs papes. Elle a vu le monde changé, et le monde ne la voit pas. Si elle était plus vive, j’aurais des tas de questions qui me démangeraient. C’est impressionnant quand on y pense. Elle n’a pas dû tout voir, mais presque. Ces personnes sont des livres d’Histoire. Ces parcours sont pour beaucoup des trésors, des morals, qu’il faudrait prendre le temps d’écouter. Beaucoup restent ouvert, continuent à raconter, et d’autres prennent la poussière, c’est plus ou moins leur choix. S’ils sont volontairement passifs, c’est triste, mais comme dit c’est un choix.
Moi, j’ai mal pour ce monsieur qui ressemble à Primo Levi, qui est resté bloqué dans le temps, qui n’en a pas été libéré. Il se souvient de 42 mais pas de 45. J’ai mal pour ce monsieur qui a du faire tant de choses, on peut tout imaginer, et qui aujourd’hui à du mal à manger un yaourt seul. Ca doit être une impression horrible de ne pas se souvenir. J’ai mal pour cette dame qui est allongée tout le temps, dans la même pièce, qui ne voit le printemps que par la fenêtre sans pouvoir s’exprimer sur la couleur des fleurs du cerisier cette année. Qu’est ce que vous voulez leur dire ? Qu’est ce que vous répondriez à ces questions ? On les regardes du haut de leurs années, et on se sent bête.

Ils ont une vie derrière eux, et ils doivent passer leurs journées à la rembobiner. C’est comme si arrivée à ce stade, elle ne continuait plus. C’est comme si le film était de toute façon fini, ils attendent patiemment la fin du générique, en revoyant défiler la liste de tous les participants.

Merci Rachel, toujours la comparaison flateuse, j'aime bien.

Titelle, il n'est pas inutile de te remercier encore une fois pour ce que tu es capable de dire. Tu feras pas pathos, dans la mesure où je sais que tout est sincère,et je suis là pour écouter, même ce qui n'est pas forcement evident à dire.
Promis, le prochain sera un peu plus joyeux Mea Culpa