Je ne sais pas si vous connaissaez cette jeune artiste de 27 ans. Elle a énormément de talent et sa musique est envoutante.
Voici ce qu'en dit un journaliste de Télérama :
"Une note. Entêtante, obsédante, hypnotisante.
Une seule note (un si, pour être précis), bourdon vibrionnant qui parcourt, tel un sonore fil d'Ariane, le nouveau disque de Camille. Qui s'intitule, justement, Le Fil. Gonflée la fille : enregistrer tout un album sur une note... Mais la dénommée Camille, du haut de ses 27 ans, n'a pas peur. Son premier album, il y a trois ans, ressemblait à un talentueux fourre-tout de couleurs musicales et laissait entrevoir la naissance d'une auteur-compositeur-interprète tendrement intrépide, jonglant avec humour adulte et meurtrissures enfantines. Véritable ovni, ce disque la propulse dans des sphères expérimentales qui rappellent parfois les performances acoustiques de l'Américaine Laurie Anderson.
Sur le socle de cette note unique, Camille brode des comptines syncopées, rythmées de percussions vocales, éclats de voix, murmures ou choeurs a cappella décalés. Le tout truffé d'illusions sonores, à la manière des oeuvres en trompe-l'oeil du graveur hollandais M.C. Escher, dont elle revendique volontiers l'influence. Il y a des berceuses cruelles, des complaintes féroces, des ritournelles blessées, des miniatures entrecoupées d'interludes sautillants. Camille s'y métamorphose en petite fille triste, en amoureuse frustrée ou en harpie rageuse. Un exploit à la force du gosier, qui fait voler en éclats les conventions de la chanson (couplet-refrain-pont), sans en sacrifier les impératifs mélodiques. « Je voulais faire un album entièrement basé sur l'exploration de la voix et de la contrebasse. Je me suis aperçue que je pouvais être plusieurs personnes, plusieurs voix. Tout le monde devrait explorer ça. Mon métier d'artiste, c'est de montrer qu'on peut être tout le temps en mouvement. La plupart des profs de chant vous disent, voilà, c'est comme ça qu'il faut placer sa voix. Moi, je ne suis pas d'accord, c'est un choix : on peut s'habiller en noir, en rouge, on peut décider d'être banquier ou danseur. »
Elle a collaboré avec Etienne de Crecy, Gérard Manset ou Jean-Louis Murat, avant de participer au groupe Nouvelle Vague, collectif parisien reprenant sur des rythmes bossa-nova des tubes new wave. Si l'on tente de l'assimiler à un courant, elle revendique son indépendance. « Depuis que je suis toute petite, je déteste les groupes, les tribus. Je m'en méfie. Je ne pense pas qu'il existe une écriture spécifiquement féminine. Je crois aux forces masculines et féminines, le yin, le yang, j'aime que ce soit mélangé chez les gens... La création est une alchimie, et plutôt que de revendiquer des influences, je préfère m'identifier à des démarches que je trouve courageuses. Etre artiste, c'est un parcours du combattant. »
Dans son album Le Fil, Camille se décrit comme « la jeune fille aux cheveux blancs ». Un disque à la fois grave et ludique, presque un essai psychanalytique qui évoquerait sous forme de chansons le déséquilibre de l'enfance, la chute de l'adolescence et la reconstruction de l'âge adulte. « L'album parle beaucoup de deuil. Pas forcément de personnes qu'on a perdues, mais plutôt de la personne que l'on n'est plus.» Camille, la femme-enfant devenue grande, la joueuse réfléchie, a déjà des tas d'idées pour la suite. D'autres disques, d'autres sonorités, d'autres aventures. Comme elle dit : « Chanter, c'est pour moi une nécessité, une vocation devenue métier. Je ne vois pas d'autre manière d'être là, d'autre but dans l'existence. »
Philippe Barbot / Télérama
Voila, il dit tout ce qu'il y a à savoir. A vous d'apprécier maintenant
http://www.camille-lefil.com